Pour la sortie du hors-série Héritage(s) à destination des étudiants, David Richard, auteur et réalisateur, à accepté de répondre à nos questions.
Fonds de Dotation Per Fumum : Quelles sont vos motivations pour créer un format hors-série ? Répondait-il à une demande ou un besoin ?
David Richard : “Je suis toujours motivé pour faire ressortir la parole des parfumeurs, c’est l’objectif de la collection Héritage(s) en général. Pour ce format, on collecte des témoignages oraux uniques lesquels constituent une histoire orale de la parfumerie. On s’appuie sur des entretiens longs et orientés, sur une analyse approfondie de la carrière et des activités des gens interrogés, que ce soient des parfumeurs, des laborantins, des assistants, des évaluateurs. De ces sommes, on a constitué des entretiens individuels qui mettent en lumière uniquement la carrière personnelle et professionnelle de chacun. Quant au format hors-série à visée de formation spécialement conçu pour les étudiants en parfumerie, nous avons choisi de mettre en valeur ces témoignages au travers un autre prisme en parlant de sujets qui sont communs à la carrière de tous.
Pour ce format, on a uniquement choisi des parfumeurs puisque l’idée est de s’adresser à des apprentis en parfumerie et des jeunes en formation ou qui s’imaginent s’orienter vers ce domaine. Ce format est une excellente présentation du métier. Du moment où on s’imagine devenir parfumeur, jusqu’au moment où on le devient et qu’on peut se permettre de prodiguer des conseils. Ce qui me motive à réaliser ces films : mettre en valeur certains aspects de la profession, en réunissant et fédérant les différents propos de même nature tenus par les différentes personnalités.”
FdD Per Fumum : Comment avez-vous procédé pour la réalisation du film ?
DR : “On s’était dit au départ avec Stéphanie Morou et avec Francis Kurkdjian, respectivement Déléguée Générale et Fondateur du Fonds de Dotation Per Fumum, que nous allions nous concentrer sur les témoignages que nous avions déjà montés. 43 témoignages sont enregistrés aujourd’hui et une vingtaine est montée et les vidéos sont disponibles sur le site de Per Fumum. Cela représente des heures de visionnage pour sélectionner les rushs. J’ai fait une première sélection avec un parti-pris qui était de prendre des parfumeurs pour s’adresser à des futurs parfumeurs.
Le titre « Le guide(s) du parfumeur » définit le fait que ce film est comme un “éclaireur” pour le futur parfumeur. Le « (s) » est un clin d’œil à la collection Héritage(s) qui s’écrit de la même manière. Il fait référence aux différentes personnalités du film qui s’avèrent être des guides pour ces futurs parfumeurs.
La définition des thèmes abordés dans le film était comme une évidence. Tout d’abord, comment sont-ils devenus parfumeurs ? Ou, comment ont-ils pris la décision de le devenir ? Est-ce que c’est une vocation, une décision raisonnée ou un coup de foudre ? Les différentes personnalités vont s’exprimer sur leur décision de se diriger vers la parfumerie. Puis ils raconteront à leur manière, avec leur expérience, comment ils se sont formés. Ensuite ils parleront des débuts, les différences entre une carrière imaginée et une réalité vécue. Après ils évoqueront évidemment les difficultés générales du métier. Enfin, ils partageront quelques conseils comme des enseignements que le jeune parfumeur peut noter et suivre pour sa carrière.”
FdD Per Fumum : Quels sont les enjeux du film ? Quel est l’impact espéré ?
DR : “C’était difficile de faire ce film car il fallait faire des choix. Je me suis concentré sur les parfumeurs et j’ai tenté autant que possible d’équilibrer les propos. Je voulais qu’il y ait autant d’hommes que de femmes mais c’était impossible et ça révèle une part de l’histoire de la parfumerie qui était assez masculine. On réalise aussi qu’elle était plutôt grassoise. Le challenge principal était donc la diversité du panel des parfumeurs.
L’impact de ce film repose sur la possibilité qu’il suscite des vocations. Il pourrait éveiller leur intérêt pour l’histoire de leur métier, étant donné la renommée des personnalités sélectionnées, auteurs de parfums célèbres. Par exemple, Françoise Caron qui a créé l’eau d’Hermès ou Akiko Kamei qui a fait l’un des plus beaux parfums Diptyque. Il y a aussi deux jeunes « stars montantes » de la parfumerie : Quentin Bisch et Jérôme Di Marino. Le film permet de découvrir l’histoire de la parfumerie et ses différentes facettes. On peut espérer qu’il aura un impact positif en suscitant l’intérêt pour leur profession ou en tout cas de l’envisager sous d’autres angles. Mais aussi de se nourrir d’une histoire qu’ils méconnaissaient peut-être. Le film a pour ambition de stimuler, d’inspirer les jeunes parfumeurs et leur donne également les clés pour réussir dans ce domaine. Il leur montre que c’est un métier passionnant et riche en histoire.”
FdD Per Fumum : Aurons-nous un deuxième format hors-série ?
DR : “Je ne sais pas, ce n’est pas à moi de répondre car je ne réfléchis pas seul, je suis accompagné par Francis. C’est au fur et à mesure de nos discussions que les choses émergent. Il y a aussi une question budgétaire parce qu’un film représente un investissement conséquent. Mais ce qui est intéressant c’est qu’au fur et à mesure de la collecte de ces témoignages oraux, des thèmes se dégagent. Pour celui-ci les thématiques évidentes pour réunir la parole de tous étaient la formation, les difficultés du métier, la transmission.
Il y a un sujet que j’adorerais pouvoir aborder : Edmond Roudnistka. C’est une figure emblématique de la parfumerie du XXème siècle. Tout le monde le connaît par ses créations comme l’Eau Sauvage, Diorissimo ou Femme de Rochas. L’histoire de Madame Roudnitska pour sa contribution à la parfumerie est souvent oublié ; or elle se révèle aussi très intéressante. Nous avons interviewé son assistante (Myriam Compiani), celui qui a presque pris sa suite (Olivier Maure), mais aussi son fils (Michel Roudnitska) et plusieurs parfumeurs formés par lui (Pierre Bourdon). Son portrait serait enrichi par des photographies, des archives et d’autres documents. Rassembler les témoignages de tous ces parfumeurs permettrait de dresser un portrait intéressant de ce personnage, connu pour son côté assez mystérieux qu’il a lui-même cultivé.”
Ne manquez pas de lire l’actualité du projet Héritage(s) sur le site internet www.fondsperfumum.org